Comme chaque année, d.c.a propose Plein Soleil, l’agenda des expositions d’été des centres d’art contemporain. Du 2 juin au 30 septembre 2020, Plein Soleil invite les publics à visiter plus d’une cinquantaine d’expositions dans les centres d’art partout en France, afin de découvrir la richesse et le foisonnement de l’art en train de se faire, dans le champ des arts visuels.
Tout au long de Plein Soleil, d.c.a – avec jigsaw – donne régulièrement la parole à ses membres à travers un programme d’entretiens croisés, pensés comme des remontées de terrain, avec pour objectif de partager les expériences, les réflexions et les problématiques auxquelles ont dû faire face chacun des centres d’art durant la crise sanitaire, mais aussi de préparer ensemble « l’après » dans les centres d’art. Cette semaine, on explore le maintien du lien avec les publics pendant le confinement et aujourd’hui avec les réouvertures progressives des lieux, et les réflexions pour un accueil, un accompagnement et une médiation renouvelés dans les centres d’art — avec un entretien croisé entre Arnaud Fourrier, directeur artistique du Pavillon Blanc Henri Molina, Nathalie Giraudeau, directrice du Centre Photographique d’Île-de-France (CPIF), et Sophie Kaplan, directrice de La Criée. Extraits ci-dessous.
Quelles ont été vos premières actions pour maintenir le lien avec le public pendant le confinement ?
Sophie Kaplan — Le confinement a été brutal, à la fois pour les publics et pour les équipes. Nous avons eu très peu de temps pour cesser les activités et penser une transition, qu’il s’agisse des visites et des activités programmées au centre d’art ou des activités hors-les-murs – comme les résidences de création et de transmission. Le lien fondamental avec le public, inhérent au centre d’art, a été suspendu pendant quelques mois. Il a fallu inventer de nouvelles façons de conduire les projets qui avaient été stoppés, avec un souci d’accompagner les artistes – pour lesquels les honoraires prévus ont été conservés et adaptés à de nouveaux projets de création – dans ce contexte difficile. Par exemple, les artistes Aurélie Ferruel et Justine Guédon étaient en résidence de recherche, création et transmission à La Criée, en partenariat avec un collège de Rennes et le Musée de Bretagne : cette résidence s’articulait sur plusieurs temps et comprenait des ateliers avec les collégiens. Nous avons proposé aux artistes de réfléchir à la production d’une œuvre hybride, ce qu’elles ont fait à partir de témoignages préalablement recueillis, ce qui a donné lieu à la création d’une pièce audio, en lieu et place des ateliers qui auraient dû avoir lieu en avril.
Nathalie Giraudeau — C’est un peu similaire au Centre Photographique d’Île de France (CPIF). Nous avons fait face à l’annulation de tout ce qui était prévu, dans et hors les murs, avec des publics très diversifiés – de la maternelle aux personnes âgées. Tous les projets d’artistes en résidence ont également dû être suspendus, dans une réflexion sur la façon de poursuivre et maintenir le lien avec les publics. Cela s’est fait avec plus ou moins de réussite en fonction de la disponibilité des encadrants et des publics concernés. Nous avons expérimenté des ateliers à distance ; pas nécessairement des ateliers de production et de création, mais aussi des ateliers de réflexion et de partage d’idées autour des images. Mais, par exemple, sur une classe de 30 élèves, cela a dû concerner 6 élèves. Je pense qu’il y a aussi eu cette même perte de contact et cette même discontinuité dans l’Éducation Nationale, en dehors des ateliers de sensibilisation et d’éducation artistique. Par ailleurs, les artistes font aussi partie de nos publics, et les deux résidences de recherches et post-production, et celle de recherches et de création pour un artiste étranger ont été suspendues, puis reporté sur la période d’automne. Actuellement, nous sentons une frilosité des publics à se déplacer et un « retour à la normale » compliqué alors que l’exposition Réversible de Constance Nouvel est ré-ouverte et certains ateliers de sensibilisations proposés à nouveau. Il y a à la fois un fort enthousiasme et une forte demande de ceux qui sont présents, mais une hésitation de la part d’autres publics à venir dans les lieux ; c’est à mettre en perspective avec la problématique des transports en commun en Île de France, qui est un frein énorme au déplacement des publics mais aussi des équipes.
Arnaud Fourrier — Nous présentions au moment du confinement l’exposition collective S’attabler, imaginée sur le mode de la relation, avec des projets qui faisaient des aller-retour entre la ville et le Pavillon Blanc, où l’art naissait d’échanges avec les habitants de Colomiers. La photographe Stéphanie Lacombe avait rencontré six habitants de Colomiers en novembre 2019, pour les photographier à table et capter leur pratiques de repas. L’exposition s’ouvrait donc sur la série photographique issue de ces rencontres, mise en dialogue avec une série plus ancienne. Toutes les œuvres de l’exposition étaient conçues sur ce même mode de rencontre entre des artistes et des habitants, sur les pratiques alimentaires en ville et l’idée de jardiner la ville avec la création. Cela devait donner lieu à des conférences, des ateliers et un forum. La fréquentation de cette exposition était exceptionnelle : 6 000 visiteurs en un mois, alors qu’en général la fréquentation des expositions représente autour de 10 000 visiteurs en trois mois. L’arrêt a été brutal, et notre objectif pendant le confinement a été de maintenir notre engagement vis-à-vis des publics et des artistes. Pour cela, nous avons cherché à réorienter ce qui était prévu, à imaginer des dispositifs numériques pour maintenir certains évènements. Nous avons notamment imaginé des conférences en live, des tutoriels, des projets s’adressant aux familles qui ont permis de maintenir les rémunérations des artistes et des intervenants malgré tout. À travers cette période, nous avons redécouvert la fonction sociale des lieux culturels. Pour le Pavillon Blanc, un lieu qui réunit une médiathèque et un centre d’art, la crise a rompu les habitudes de ceux qui nous fréquentent quotidiennement, modifié ou interrompu les services et mis à l’arrêt le lien entre artistes et publics que nous cherchions à établir avec cette exposition. Nous partions de l’idée que la relation abolit la médiation, que la rencontre entre artiste et public abolit les préjugés et permet de reconnaître à travers les artistes rencontrés, les objets comme étant de l’art. L’exposition S’attabler était une exposition où l’on pouvait toucher les objets, rencontrer les artistes, ce qui est difficile aujourd’hui avec l’impossibilité de toucher les oeuvres désormais. Jusqu’au 7 juillet, la jauge était de 20 personnes, jauge que nous allons élargir. C’est une vraie frustration de ne pouvoir accueillir que si peu de publics dans ce lieu de vie si vaste.
Quelle stratégie et quels outils numériques avez-vous mis en place pendant cette période ?
Nathalie Giraudeau — Nous avons très vite voulu imaginer et mettre en place au-sein de Réversible, l’exposition en cours de Constance Nouvel – qui prenait la forme d’un environnement, d’une vaste installation – un format audio que l’on puisse écouter à distance et télécharger. Nous avons voulu créer ce format, en avertissant cependant, que cette œuvre était à expérimenter physiquement pour en faire vraiment l’expérience, pour aller au-delà du simple diaporama des vues d’expositions, pour faire récit et favoriser une sensibilisation autour d’une œuvre de l’exposition. L’implication de toute l’équipe a finalement permis la création d’une vidéo avec un banc titre et un récit rédigé par l’équipe de médiation. Cet objet a rencontré une réception et un enthousiasme de la part des publics et de l’équipe, qui nous ont donné l’envie d’adapter ce format à des expositions passées. Dix projets sont prévus, avec à chaque fois une version adultes et une version enfants. À travers les réseaux sociaux, nous avons mis l’accent sur nos archives, nous avons mis en ligne des diaporamas des vues d’exposition, réalisées par Aurélien Mole, ou en avons réactualisés. Ce travail est difficile à mener en temps normal, et nous avons rencontré un réel succès avec une belle fréquentation sur le site grâce à ces deux nouveaux formats. Nous ne savons pas encore si nous allons pouvoir les continuer, car ces formats prennent du temps à l’équipe ; temps que nous consacrons habituellement aux publics. Cette mise en valeur des archives a également été perçue de manière positive par les artistes, et leur a apporté à la fois un soutien moral et une continuité de visibilité pendant cette période. Par ailleurs, certains cours amateurs que nous offrons au CPIF ont pu continuer en ligne, et certaines résidences territoriales (M. Quéau, L. Samama, S. Ripoll-Hurier) avec quelques élèves se sont poursuivies, sans donner lieu à des formes très précises néanmoins.
Sophie Kaplan — À La Criée, les choses ont été un peu différentes car nous nous trouvions entre deux expositions ; l’exposition d’Eléonore Saintagnan avait fermé quelques jours plus tôt et celle du peintre malien Amadou Sanogo aurait dû ouvrir le 20 mars. L’exposition de Sanogo ne pouvant ouvrir, nous avons décidé de ne pas communiquer autour d’elle, mais d’attendre son ouverture pour le faire, convaincus que la rencontre avec l’exposition doit d’abord être réelle, physique et sensuelle. C’est une expérience qui ne peut être compensée par le numérique. Nous accueillons en moyenne par exposition entre 8 000 et 10 000 visiteurs, et tout ce que nous avons fait de manière digitale ne compensera jamais cette rencontre physique. Les échanges que nous avons avec les visiteuses et visiteurs depuis la réouverture ne font que confirmer cette irréductibilité du face-à-face avec les œuvres. Nous nous sommes interrogés sur la façon de ne pas perdre le lien avec les publics, sans être dans une communication qui aurait cherché à combler ce vide physique de façon illusoire. Il nous a au contraire semblé important de vivre avec ce vide et ce choc, et d’en tirer quelque chose. Nous aussi, nous nous sommes plongés dans nos archives – et je rejoins tout à fait Nathalie Giraudeau sur cette démarche – et avons cherché à les faire « remonter à la lumière ». Nous avons alors pris la mesure du fait que les archives étaient une ressource incroyable que nous n’exploitions pas assez. Nous avons fait de petites commandes à des artistes – c’était aussi une façon de les soutenir – pour remettre en vue des œuvres ou des protocoles pour lesquelles le centre d’art les avait déjà accompagnés. L’artiste californien David Horvitz a ainsi proposé une œuvre à faire soi-même à la maison, et nous avons réalisé un entretien avec Abraham Poincheval – que l’on voit beaucoup en ce moment puisque le confinement fait partie de son travail artistique – autour de son oeuvre La Vigie, dont La Criée a produit deux occurrences en 2016 et 2017. L’idée d’une double exploitation de nos programmations – sur le temps de leur création, puis sur le temps de leur valorisation via l’archive, est quelque chose qui m’interroge beaucoup : il y a un réel potentiel et une demande des publics pour cela.
Arnaud Fourrier — Notre approche a été très différente, dans le sens où nous ne nous sommes pas attachés à la valorisation de nos archives mais plutôt à la création de contenus éditoriaux, en lien avec notre double mission de médiathèque et de centre d’art. Le Pavillon Blanc a un site internet qui vise à produire des contenus éditoriaux. Notre approche a été de mettre en avant les contributions émanant des équipes ; les bibliothécaires, médiateurs et programmateurs sont forces de proposition et créateurs de contenus. Nous avons donc travaillé cette approche éditoriale, que l’on a passé au premier plan et que l’on a développé pendant le confinement. Le travail de publication a été orienté sur la thématique générale de notre saison, qui s’intitule Jardiner la ville en commun, avec l’idée de travailler la citoyenneté et une urbanité verte. Par exemple, l’un de nos collègue bibliothécaires a écrit un article intitulé « Assaisonner la ville », en reprenant archives, réflexions et références en écho avec l’exposition actuelle. Un autre axe stratégique que nous avons développé s’articule autour de la notion de service, à travers un cycle de conférences d’initiation à l’histoire de l’art que nous menons à l’année, également en lien avec la saison Jardiner la ville en commun pendant le confinement. Les historiennes de l’art avec qui nous travaillons, Olga Panella et Lucile de Sutter, ont relevé le défi de faire ces conférences en live, sur la plateforme Jitsi, avec un succès intéressant puisque nous avons cumulé aux alentours de 380 vues sur les deux dernières conférences, avec la présence virtuelle de nos usagers habituels. Ces conférences ont donné lieu à une éditorialisation pour permettre de visionner à nouveau ces contenus sur notre site, dans une rubrique intitulée « Les conférences comme si vous y étiez ». Notre dernier axe a été celui d’une approche vivante des réseaux sociaux, à travers des défis partagés par l’équipe, le format de conférences en live que je viens d’évoquer, et cet été par exemple, un jeu de questions-réponses autour de l’art et la posture de l’artiste mis en place par nos collaboratrices historiennes de l’art – avec pour finalité la publication de textes critiques rédigés sur les jeunes artistes invités de la saison, conçus pour valoriser leur carrière. Nous avons donc chercher à maintenir un lien avec le public en poursuivant ces trois axes, qui différent de la l’action d’autres centres d’art, et avec le souhait de revenir à « la normale » prochainement.
Suite aux potentialités révélées, comment pensez-vous poursuivre dans cet « après », les choix que vous avez fait ?
Sophie Kaplan — En ce qui concerne «l’après », nous sommes en train de réfléchir à l’articulation entre le réel et le virtuel. C’est un sujet qu’il nous faut penser, avec cette conviction que rien ne remplacera ce qui a lieu réellement – qu’il s’agisse d’expositions, de rencontres avec les artistes, de résidences. Depuis quelques années, face à l’augmentation de la demande de visites, se pose par ailleurs de plus en plus la question de l’articulation entre les visites en autonomie et les visites accompagnées. Se pose également la question des outils que l’on crée spécifiquement pour ces deux modalités de visite, et les façons dont les visiteurs peuvent passer d’une modalité à l’autre. Nous sommes également engagés déjà dans une réflexion qui porte à la fois sur l’autonomie de l’artiste dans sa position de passeur et sur le rôle structurant et d’accompagnement des centres d’art, comme maillon essentiel pour qu’une relation entre un artiste et un groupe se passe de la façon la plus harmonieuse possible. Nous faisons le constat, renforcé par le confinement, de la multiplication et de l’empilement des projets. Il s’agit donc de s’interroger sur comment travailler mieux. Toutes ces interrogations s’inscrivent dans une réflexion plus large autour de la décélération et de la durabilité.
Arnaud Fourrier — Sur l’orientation future des programmes au Pavillon Blanc, deux points se dessinent. Il s’agit d’une part du souhait de poursuivre l’approche éditoriale mise en place sur les contenus et services numériques, en veillant à éviter la surdose médiatique que l’on a pu vivre pendant le confinement. D’autre part, nous avons l’envie d’approfondir le déplacement de la création vers la relation, c’est-à-dire de mettre en avant le fait que l’artiste n’est plus seulement créateur d’objets au-sein du centre d’art, mais aussi acteur d’une relation directe avec les publics. Étant donné que nous avons été en crise sur la question de l’exposition, nous avons l’envie de porter autrement la question de la relation dans d’autres espaces, au-delà de l’exposition, même si l’exposition reste pour nous un outil majeur. Par exemple, sur la conception de notre exposition de septembre, nous réfléchissons à la dissémination d’un projet d’exposition à l’échelle du Pavillon Blanc, ce que l’on a très rarement fait depuis l’ouverture du lieu. L’idée pour cette exposition est de venir dessiner sur les murs du Pavillon Blanc – donc sur l’espace public du lieu, qui représente une surface de 3 500m2 – de créer par ailleurs de petits édifices dans l’espace public extérieur pour diffuser des images des œuvres, à travers un programme qui s’intitule pour l’instant Édicule. Au fil des discussions, Christian Lhopital l’artiste invité nous a proposé de créer une dizaine d’œuvres à emprunter par les publics, sur une période d’un an. Cela nous permet de sortir du rythme traditionnel de l’exposition événementielle sur trois mois, avec un projet au long cours, puisque les dessins sur les murs du Pavillon sont aussi voués à exister pendant un an. L’emprunt des œuvres explore la connexion à l’espace public, comme espace ouvert – l’espace de la ville, l’espace intérieur et l’espace domestique – et la possibilité d’amener l’art à la maison et d’en discuter en famille ou entre amis. Pour nous, il s’agit d’un champ à explorer en médiation, et d’un véritable défi qui nous amène à repenser la relation à l’art dans des espaces que l’on investissait peu auparavant, avec un format proche de l’artothèque. Nous avons cette envie de sortir de l’évènement. On imagine ainsi travailler sur un dossier pédagogique exploitable un an durant avec les publics de manière beaucoup plus souple, avec l’idée de pouvoir rendre compte d’ici un an de ce nouveau travail sur la relation avec les publics.
Nathalie Giraudeau — Il est complexe d’avoir du recul suite à cette période où nous avons été absorbés par ces actions pour garder le lien avec nos publics. Sur la question des outils numériques – et cela se confirme aujourd’hui – je ne pense pas que les outils à distance ou virtuels puissent se substituer à la médiation physique et à nos modes d’action habituels. Dans cette idée, la façon dont nous nous adapterons prochainement, c’est de travailler, comme nous le faisons déjà, hors les murs aussi pour la médiation des expositions. Nous avons l’envie d’aller vers les publics pour redonner le gout de la fréquentation de notre lieu, en allant dans les établissements et en menant un travail de sensibilisation. Je souhaite aussi que l’on réfléchisse à des outils de médiation à distance qui soient performants et de qualité, mais cela nécessite une réelle structuration, des productions, de nombreux emprunts et une lourde coordination pour le rendre possible sur le long terme. D’autre part, nos deux mois d’été vont être chargés par rapport aux autres années. Aux appels à projets auxquels nous répondons s’est ajouté une multitude d’appels émanant de différentes collectivités territoriales, à la fois pour soutenir la création et redonner gout à l’activité à tous types de publics. C’est rassurant et motivant que les centres d’art soient sollicités, mais nous sommes pris dans un tourbillon d’appels à projets qui devient épuisant, d’autant plus que les modalités de réponse sont complexifiées par des outils numériques parfois défaillants. Se diriger vers le tout-dématérialisé est anxiogène, physiquement et intellectuellement. Il va falloir que les centres d’art agissent et fassent remonter ce genre de choses. À cela s’ajoutent les réorganisations de la programmation. Notre prochaine exposition La photo à l’épreuve de l’abstraction implique des prêts qu’il faut renégocier, des productions et une lourde coordination. Le chamboulement est permanent, mais intéressant.
Que vient révéler Plein Soleil de votre programmation ?
Arnaud Fourrier — L’équipe de direction a fait le choix d’un déconfinement très prudent. Une grande vigilance a été portée sur les questions sanitaires quant à la réouverture, ce qui explique les jauges actuelles très limitées – 20 visiteurs dans l’ensemble du Pavillon Blanc et 10 personnes en ateliers. Pendant Plein Soleil, nous proposons un programme lié à la saison Jardiner la ville en commun, qui fait écho à l’exposition S’attabler, mais aussi à un programme national de lecture publique qui s’intitule Partir en livre. Nous mettons en place un programme de médiation, d’ateliers et de visites sur l’été, avec certains des artistes avec lesquels nous étions en lien, notamment Manon Raupp, Sophie Vissière, et Tristan Mory. Les ateliers auront lieu tout l’été, dans nos murs, dans les Maisons citoyennes des quartiers prioritaires de Colomiers et dans les centres de loisirs. Nous nous déconfinons aussi dans le sens où nous allons dans la ville et hors les murs, en lien avec les orientations de notre programmation de saison. Nous poursuivons nos programmes en ligne, avec le collectif Bibliothèque grise – présent dans l’exposition S’attabler – qui diffusera, en format podcast, un entretien autour avec l’auteur de bande dessinée Étienne Davodeau et le viticulteur Richard Leroy.
Sophie Kaplan — Les spécificités de la programmation estivale à La Criée s’articulent autour de la transformation de l’exposition du printemps en exposition d’été, avec le peintre de Bamako Amadou Sanogo. Cette exposition s’inscrit dans le cycle thématique que développe actuellement La Criée autour des relations entre art contemporain et savoirs et savoir-faire locaux. Dans le cadre du programme « Un été à Rennes » mis en place par la Ville de Rennes, nous proposons un programme d’actions de médiation adapté aux rennais – qui partiront très certainement moins en vacances que les années précédentes : rendez-vous réguliers de visites tous publics – inédites puisque l’on n’a pas l’habitude de proposer ce format là l’été -, des ateliers pour les enfants par Line Simon, jeune artiste diplômée de l’École des beaux-arts de Rennes et des lectures de contes du Mali sur la grande place devant le centre d’art. Nous avons également été sollicités par la DRAC et la DAC Bretagne pour le nouveau programme en ligne « L’art à ma fenêtre ». Nous avons été invités, en partenariat avec le FRAC Bretagne, à créer des outils de médiation à distance, pour les élèves et pour les centres de loisirs, à partir des œuvres ou des expositions de Katia Kameli, Amadou Sanago et David Horvitz. Ces outils permettront à la fois d’être en autonomie virtuelle, si le besoin est là, et de venir sur le lieu quand cela est possible. Nous avons donc inventé des outils à la croisée de ces complexités.
Nathalie Giraudeau — Nous avons prolongé l’exposition de Constance Nouvel, Réversible, jusqu’au 12 juillet, date de notre fermeture estivale puisque que nous avons moins de publics l’été. L’exposition est une réflexion autour de l’expérience de la réalité et les mécanismes d’assimilation du réel par le regard, l’imagination et la pensée, elle interroge les notions de simulacre et de décor avec les moyens de la photographie et du dessin. Par ailleurs, et grâce au dispositif « Été culturel » mis en place par la DRAC et la Préfecture d’Île de France, nous avons passé commande à Florent Meng, qui a conçu un projet intitulé L’atlas des bords. Le CPIF se situe à la lisière entre zone urbaine et rurale, et l’artiste va travailler sur cette géographie et la modification des marges ; sur la modification de la relation au territoire par la situation de confinement, et sur les nouveaux modes de ressentis de la ville et de l’espace naturel. Ce projet a la particularité d’être une commande artistique, et une œuvre collaborative qui inclut un public averti ou novice qui constituera un groupe d’exploration du territoire. Il s’agira de réfléchir à l’inédit de la situation et à l’évolution du territoire depuis plusieurs années. Avec la région, nous allons mener des actions au-sein des lycées à travers le programme « Campus d’été », en fonction du taux de réponse des établissements scolaires. Au sein d’ateliers, nous mettons aussi l’accent sur des pratiques anciennes puisque nous sommes contraints de laisser le prêt d’appareils numériques et le laboratoire de tirage noir et blanc, pour revenir à la cyanotypie, une technique de photogramme avec une émulsion sensible aux ultra-violets.
Qui est Arnaud Fourrier, directeur artistique du Pavillon Blanc Henri Molina ?
Responsable des programmes et directeur artistique du Pavillon Blanc Henri Molina à Colomiers, Arnaud Fourrier a participé à la genèse de deux projets institutionnels – Le Signe à Chaumont et Le Pavillon Blanc Henri Molina, un lieu qui rassemble une médiathèque et un centre d’art. Formé à la direction de projets culturels et en esthétique, il a travaillé en tant que critique d’art avec la revue Archistrom et collabore depuis 2013 avec la revue Etapes. Les programmes qu’il développe à la croisée des notions d’images, d’écriture et d’urbanité conjuguent son intérêt pour l’art contemporain, les arts graphiques (design graphique, dessin et bande dessinée), les droits culturels et la ville. Il est également coprésident d’Air de Midi, le réseau art contemporain de la région Occitanie.
Le Pavillon Blanc Henri Molina a été conçu par l’architecte français Rudy Ricciotti. Equipement municipal de la Ville de Colomiers, il réunit une médiathèque et un centre d’art dans un lieu unique. Son architecture, sobre, élancée, décloisonnée, ouverte sur l’extérieur tout en restant protectrice grâce à son voile de béton, se retrouve entièrement dans le projet culturel du lieu. Véritable tiers lieu, le socle de son projet culturel repose sur la rencontre entre images et écritures contemporaines. Les programmes du centre d’art se structurent autour des notions d’image et d’urbanité, faisant de la ville et de la relation avec les habitants son terrain d’action et des images un domaine à explorer et expérimenter.
Qui est Nathalie Giraudeau, directrice du Centre Photographique d’Île-de-France (CPIF) ?
Nathalie Giraudeau est diplômée de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles et en Sciences Politiques, Amiens. Depuis 2005, elle est la directrice du Centre Photographique d’Île-de-France à Pontault-Combault, membre du réseau DCA et Tram. De 1995 à 2004, elle est chargée de mission à la Direction des affaires culturelles de la Ville de Beauvais (Oise), pour la programmation artistique pour la photographie et les nouvelles images à l’Espace culturel.
Le Centre Photographique d’Île-de-France (association loi 1901) fait partie du réseau national des Centres d’art. Il est soutenu par la Municipalité de Pontault-Combault, le Ministère de la Culture, la Direction régionale des Affaires Culturelles d’Île-de-France, le Conseil général de Seine-et-Marne, le Conseil Régional d’Île-de-France et le Ministère de l’Éducation Nationale.
Qui est Sophie Kaplan, directrice de La Criée ?
Diplômée en lettres modernes et en histoire de l’art, Sophie Kaplan est historienne de l’art et commissaire d’exposition. Elle a travaillé à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris entre 1999 et 2007 et a mené parallèlement des commissariats d’exposition en Allemagne et en Angleterre. Directrice du Centre rhénan d’art contemporain d’Altkirch de 2007 à 2012, elle a également enseigné à la Haute École des arts du Rhin.Depuis septembre 2012, elle dirige La Criée, centre d’art contemporain de Rennes. Son approche critique et sa pratique curatoriale se développent autour de l’importance accordée aux collaborations – notamment avec les artistes via la mise en place à La Criée des cycles thématiques et des artistes associé·e·s ; de la place laissée au·x récit·s comme moteurs de la recherche, de la création et de la transmission ; de l’intérêt porté au croisement des arts, des disciplines et des savoirs. Elle a notamment été commissaires des expositions de Su-Mei Tse et Virginie Yassef (2008), Simon Faithfull et Christoph Keller (2010), Shannon Bool et Julien Bismuth (2010), Aurélie Godard et Ann Veronica Janssens (2011), Jan Kopp (2013), Amalia Pica (2014), Gareth Moore (2014), Runo Lagomarsino (2015), Ariane Michel (2016), Joana Escoval (2016), Felicia Atkinson (2017), David Horvitz (2019). Elle (co)édite régulièrement des catalogues et livres d’artistes (Julien Bismuth, Jérémie Gindre, Allan Sekula, Jan Kopp, etc).
Implantée depuis 1986 en centre-ville de Rennes, dans l’ancien marché aux poissons, La Criée centre d’art contemporain est un lieu d’expositions et de rencontres.Espace laboratoire, elle soutient la recherche, la production et la diffusion des artistes d’aujourd’hui et de leurs œuvres, dans et hors ses murs. Elle conçoit ses actions de médiation dans une dynamique de partage et d’expérimentation, au plus proche des artistes et de tous les publics. La Criée est un équipement culturel de la Ville de Rennes, labellisé centre d’art contemporain d’intérêt national par le ministère de la Culture.