Ils devaient avoir leurs premières dates de concert en mars. Repérés par L’Onde – théâtre et centre d’art visuel pour faire partie du Festival Electrochic 2020, les artistes de Club Sombre ne sont pas de complets inconnus mais n’avaient jamais joués sous un même nom. Derrière ce collectif, des musiciens, un producteur et un vidéaste qui se sont connus sur les productions de Julien Gosselin et surtout une vision transdisciplinaire qui va du théâtre contemporain à l’opéra par le biais de création vidéo et de l’écriture de bandes originales.
Je suis sorti dans la cour, j’allume une cigarette, j’entends les oiseaux, il n’y en a pas d’habitude.
Le premier titre dévoilé par Club Sombre, Anthropocène, n’annonçait pas de jours meilleurs. Entrecoupés de noirs et de l’énumération des épisodes d’extinctions massives, le clip abordait sans détour l’incidence des activités humaines sur l’écosystème terrestre. Aux frontières de la dark ambient, de la synth wave et du post-rock, Club Sombre est profondément ancré dans notre époque. Aux paysages de forêt qui passent dans le clip comme devant une vitre succèdent les pas d’une petite fille qui interroge notre avenir en tant qu’espèce. Si le montage peut dérouter par rapport aux standards du genre musical c’est autant par la présence de texte, le traitement de l’image que par la complémentarité qu’il entretient avec le son. Si le collectif a pu travailler pour la scène en musique live ou sous forme de performance vidéo, il en a retenu l’ambition d’une œuvre totale et symbiotique.
Maintenant est le bon moment pour agir. C’est l’occasion de cultiver une autre perception de l’univers, des événements et de soi-même.
Le Kairos, c’est l’occasion qui se présente. C’est le sujet de la première vidéo de Bouclés, journal de bord confiné du collectif. Chaque jour, Club Sombre propose une minute de musique comme un temps pour penser le monde qui nous entoure. Il ne s’agit pas de pallier aux concerts reportés ou annulés ou de faire parler de soi mais plutôt de partager des lectures, des recherches sur le mode de la pastille et de l’évocation. L’occasion qui se présente c’est aussi celle de repenser le temps de la création, de la production et de ce qui est donné à l’auditeur, aux lecteurs, aux spectateurs. On retrouve ainsi des citations de Giono mêlées à des observations de la vie quotidienne et nous nous retrouvons à nous questionner nous-même sur le rythme de la vie moderne, caractérisé selon Tristan Garcia par sa recherche d’intensité.
Des documents sans lien entre eux. C’est une sorte de rhizome incontrôlé.
Aucune vidéo malgré leur format commun ne ressemble à une autre. Les citations philosophiques et artistiques, cinématographique et chorégraphiques (on cite pêle mêle Pina Bausch et Raymond Depardon, Pasolini et Deleuze) sont traités de manière à rendre la pensée la plus sensuelle possible, aussi bien par le son que par l’image. Le texte et quel que soit sa langue est un tout que savent bien mettre en valeur Maxence Vandevelde, Pierre Martin, Guillaume Bachelé et Rémi Alexandre. La pluridisciplinarité du collectif l’amène aussi à s’intéresser à des champs a priori plus éloignés de lui et à des sujets scientifiques. C’est en ne mettant pas de côté les biologistes et les botanistes, les neurologistes et les ingénieurs que nous pourrons avoir une approche renouvelée du monde et a fortiori de la musique.
Qui est Club Sombre ?
Club Sombre est né de la rencontre entre quatre artistes pluridisciplinaires. Rémi Alexandre (compositeur et producteur), Guillaume Bachelé (compositeur et comédien), Pierre Martin (créateur vidéo pour le théâtre et l’opéra, réalisateur), et Maxence Vandevelde (compositeur et comédien).
Club Sombre est un collectif réunissant des musiciens, un producteur et un vidéaste. Il s’est illustré dans les milieux du théâtre contemporain et de l’opéra par des créations vidéo et l’écriture de bandes originales. Leur narration musicale et visuelle, à la fois progressive et onirique, est un voyage aux frontières de la dark ambient, de la synth wave et du post-rock. Profondément ancré dans son époque, Club Sombre entend questionner le rapport complexe entre l’homme et la nature en tissant une relation intime et symbiotique entre musique live et performance vidéo.