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Mariana Delgadillo Espinoza & le Centre social Carrefour 18 à Rennes : la musique baroque bolivienne enchante la Bretagne !

Tout au long de Transat, les artistes et structures d’accueil prennent la parole autour de leur projet de résidence — à retrouver, ici et sur ateliersmedicis.fr, chaque semaine, à travers des reportages in-situ menés par les Ateliers Médicis et des entretiens menés par jigsaw pour les Ateliers Médicis.

© Marianna Delgadillo Espinoza

Aujourd’hui : un double entretien avec Mariana Delgadillo Espinoza, artiste accueillie en résidence par le Centre social Carrefour 18 à Rennes, et avec Mélanie Conan, conseillère en économie sociale et familiale dans cet établissement.

© Marianna Delgadillo Espinoza

Mariana Delgadillo Espinoza et les musiciens de l’ensemble Alkymia nous invitent à entrer dans la musique baroque et traditionnelle bolivienne, une musique d’une joie et d’une vigueur incroyables. Une musique qui se danse autant qu’elle se chante. Ces artistes travaillent avec passion à la transcription de ces villancicos, xácaras, motets et juguetes du XVIIIe qu’ils redécouvrent dans les églises, en particulier dans la cathédrale de Sucre. Et durant leur résidence ils comptent bien partager à la fois leur travail de création mais aussi des ateliers de danse et de chant.

© Marianna Delgadillo Espinoza

Qu’est-ce qui vous a incité à participer à Transat ?

Marianna Delgadillo Espinoza — Je garde un très bon souvenir de la résidence Création en Cours que j’avais pu expérimenter. La valorisation du travail accompli et le soutien des Ateliers Médicis étaient pour moi très précieux, autant que l’opportunité de s’implanter dans un territoire. Avec mon statut de musicienne, souvent embarquée dans des tournées c’est l’occasion d’expérimenter de nouvelles approches. J’habite à Rennes et je n’avais encore jamais eu la possibilité de faire quelque chose localement ! Transat me parle à la fois pour des questions d’écologie et des questions sociales puisque c’est pour moi un investissement de terrain avec des associations et un public avec lesquels je n’étais pas encore en lien et avec qui je peux imaginer des choses. Ce projet je l’avais en tête depuis un moment et si j’avais pu l’expérimenter avec des artistes de Bolivie l’an dernier j’avais envie de tenter quelque chose de plus libre sans partition fixe et peut-être de plus démocratique en ne m’adressant pas seulement à des enfants qui ont suivi une école de musique mais aussi à des publics sans pratique musicale : une initiation pour petits et grands.

Comment intégrez-vous la notion de transmission dans votre travail ?

MDE — Pour moi, le concert est déjà une forme de transmission. Depuis le début de nos activités avec l’ensemble Alkymia j’ai tenu à ce que chaque représentation soit accompagnée d’un temps d’échange, pour aussi rompre la limite imaginaire entre l’artiste et le public. Il me semble important de créer la discussion autour d’un répertoire, d’un imaginaire de la musique et des instruments. J’aime quand il y a des discussions sur des incompréhensions qui nous permettent de guider l’écoute de façon plus objective. Le concert doit pour moi être un temps d’échange et je constate qu’il est beaucoup mieux vécu quand il y a une préparation avant et que le public devient acteur de l’écoute. J’ai véritablement expérimenté ça lors de mes ateliers avec les enfants pendant Création en Cours. Je les sentais pressés de revenir jouer, chanter ; c’est une expérience touchante mais cela n’a rien de miraculeux, il y a une pratique derrière, un apprentissage.En tant que chef de chœur, j’étais déjà sensibilisée par ma formation à la gestion des groupes aux questions pédagogiques. Après le conservatoire, j’ai fait des expériences mais Création en cours a été un déclencheur d’une certaine manière ; ce n’était pas les élèves qui venaient nous chercher mais l’inverse. Et aller chercher les enfants là où ils avaient l’habitude d’être en leur proposant quelque chose qui leur permet d’aller mieux chaque jour c’était assez fou. C’est très gratifiant de les voir s’approprier ça.

Quelle est la place du territoire et du public dans votre approche de la création ? Comment vos recherches se nourrissent-elles de ces expériences avec le public ?

MDE — On adapte donc nos concerts, en retravaillant constamment les enchainements de pièces pour guider au mieux l’écoute du public avec des transitions qu’ils peuvent assimiler à des repères qu’ils ont. On essaie de faire des concerts moins longs, de faire des respirations, de tout faire pour que le public puisse être transporté dans un autre univers. On s’adapte aussi aux lieux où l’on joue, on essaie d’avoir une proximité psychologique en changeant les lumières, en descendant de l’estrade, en étant entouré du public. Avec le plein air, c’est un nouveau défi qui s’annonce. Je suis déjà allé au Carrefour 18 et je trouve le lieu très intéressant, à la limite d’un quartier prioritaire avec une architecture qui permet des installations très différentes. La possibilité de travailler avec des migrants et de proposer des formations de tous types et originales est stimulante. En Bretagne, il existe pas mal d’associations qui font de la musique d’Amérique latine, mais le public s’il est familier de ce répertoire ne connaît pas forcément la musique baroque bolivienne mise en lien avec la musique traditionnelle. Je suis très sensible à la possibilité de créer des liens et de mettre en contact les publics.

© Marianna Delgadillo Espinoza

Que peut apporter, selon vous, la présence d’un artiste au sein du Centre social Carrefour 18 ?

Mélanie Conan — Tout au long de l’année le Centre social Carrefour 18 propose des événements culturels et artistiques. Les sollicitations sont nombreuses, les propositions de partenariat ou d’accompagnement d’initiatives, de projets sont diverses et variées. De par son projet et sa structure, le Centre social privilégie les initiatives habitants, mettant en valeur le savoir-faire, vivre, être, les récits de vie, la diversité culturelle de la population du quartier, toutes ces richesses qui font la force de l’éducation populaire. Mais également des projets où le mot partenariat signifie co-construction. Et aussi le soutien aux initiatives d’associations du quartier et d’ailleurs. L’animation culturelle s’inscrit dans les axes développés par le centre social, à savoir développer des formes d’accueil dynamique pour prendre en compte les habitants dans leur diversité; favoriser les rencontres et les échanges au travers d’actions collectives et construire de façon partagée; accompagner les habitants dans leurs pratiques amateurs et dans leurs initiatives; se baser sur la culture comme outil de développement social (espace de médiations, ateliers, résidences) à l’échelle du territoire et comme moyens d’épanouissement des personnes dans leur quartier; créer de l’interface entre la vie de quartier et les acteurs de la culture, des sports et des loisirs.

Comment vos publics peuvent-il se saisir de ces présences et quelle est la place d’une approche artistique dans votre projet de structure ?

MC — Le public peut se saisir des présences des artistes pour développer, valoriser des savoirs et savoirs faire; accéder à la culture, au socioculturel sous différentes formes; mettre en lumière leurs idées, talents, envie d’agir; s’exprimer, échanger sous diverses formes.

Quelle spécificité de votre lieu vous semble-t-elle cruciale à appréhender de l’extérieur et que pourrait « révéler » un artiste ?

MC — L’animation culturelle favorise les échanges, le sentiment d’être écouté, reconnu, estimé pour notre public. Elle permet la connaissance, l’interconnaissance. Elle aide également à la prise d’initiative, au soutien de projets divers et variés.

🖊️  Double entretien réalisé par jigsaw pour les Ateliers Médicis, à retrouver : ICI

Transat © Graphistes associé·e·s : Kidnap Your Designer

Transat : 102 résidences d’artistes en France, cet été

Transat, ce sont des résidences de 3 à 6 semaines consacrées pour la moitié à la création personnelle de l’artiste et pour moitié à la rencontre avec le public et la transmission. Une bourse entre 2000 € et 5000 € est allouée à chaque résidence en fonction de sa durée et du nombre d’artistes. Transat est financé par le ministère de la Culture, dans le cadre de l’Été culturel. Plus de cent artistes installent leur atelier, du 20 juillet au 30 août, dans des centres de loisirs, EHPAD, MJC, centres d’hébergement, lieux culturels situés dans toute la France, en milieu rural ou quartiers périphériques. Une enquête sur le patrimoine chorégraphique des communautés tamoules en région parisienne, un spectacle sur l’émancipation des enfants avec les résidents d’un EHPAD, une installation participative sur les antennes paraboliques à La Réunion : âgés de trente ans en moyenne, représentant toutes les disciplines, les artistes de Transat partent à la rencontre des enfants et des habitants, pour partager leurs projets de création, transmettre leur passion et leurs savoir-faire.

🏖️ Transat : festival inédit de résidences d’artistes
🕒 Jusqu’au 30 août
📩 Plus d’informations : ICI
👥 Une initiative conjointe des Ateliers Médicis et du ministère de la Culture, avec le soutien de Arte, les Inrocks, Télérama et France Culture
📖 Dossier de presse : ICI